Dans le cadre de la Capitale Mondiale du Design, pourquoi ne pas réviser ses classiques ou tout simplement acquérir les bases du design ?
L’agence d’attractivité Hello Lille, en partenariat avec la Capitale Mondiale du Design et l’Office de tourisme de Lille, vous propose un module de micro-learning réalisé par Artips.
Inscrivez-vous : hellolille.artips.fr
Franck Grossel
2018, Paris. Le jeune designer Franck Grossel expose ses tabourets au musée des Arts décoratifs. Attention, il ne s’agit pas de tabourets ordinaires : ceux-ci ont un petit détail qui les rend tout à fait exceptionnels…
Ce détail est lié à une boisson alcoolisée très appréciée par Franck Grossel : la bière. Quel est le lien avec les tabourets ?
Pour le comprendre, il faut s’intéresser à la fabrication de la bière. Le brassage de cette boisson produit des millions de tonnes de déchets par an...
En effet, une fois la bière brassée, on obtient ce que l’on appelle les drêches, les restes des grains de céréales. Ces tonnes de drêches sont en partie réutilisées par les éleveurs, qui les transforment en nourriture pour bétail, mais cela suppose d’être proche d’une ferme… Ce qui est un peu compliqué pour les brasseurs urbains.
C’est là que Franck Grossel intervient ! Ébéniste de formation, ce tout jeune diplômé de l’École de Design Nantes Atlantique imagine une alliance entre le bois et les restes de bière.
Les drêches, une matière première pour des meubles ? Challenge accepté ! Le designer se rend très vite compte de tous les avantages de ce matériau, à la fois souple et résistant.
Et, gros avantage, le sucre obtenu lors du brassage est un très bon liant naturel… donc pas besoin d’utiliser beaucoup de colle. Voilà comment l’association entre bois et drêches recyclées crée un tabouret prêt à l’emploi.
La démarche est à la fois écologique et design : Grossel propose littéralement aux clients des bars de s’asseoir sur les restes de la bière qu’ils consomment. La boucle est bouclée !
Charlotte Perriand
1940. En voyage au Japon, la designeuse française Charlotte Perriand observe attentivement un étrange objet. Il s'agit d'une pince à sucre, mais elle n'en a jamais vu de pareille : au lieu des habituelles pinces en métral, celle-ci est taillée dans un seul morceau de bambou plié. Cela lui donne une idée...
À l'époque, Perriand est invitée par le gouvernement japonais en tant que conseillère. Le pays cherche des pistes pour développer son industrie, en regardant beaucoup ce que fait l'Occident.
La designeuse française prend sa mission très à cœur : elle explore les différentes régions, rencontre des artisans, s'imprègne de la culture nippone... Tout l'inspire, à commencer par les savoir-faire traditionnels et les matériaux de l'archipel.
Et en premier lieu, le bambou. Il semble présenter tous les atouts : il est présent en quantité, il peut être chauffé pour être courbé et, surtout, il a une élasticité incroyable comparée à celle des autres bois. Pour Perriand, c'est l'allié parfait pour repenser à la sauce nippone certaines de ses créations.
C'est ainsi qu'elle réinterprète sa célèbre chaise à bascule, imaginée une dizaine plus tôt avec l'architecte Le Corbusier.
L'originale était dans un matériau très moderne, des tubes d'acier chromé. Mais ici, au Japon, en pleine Deuxième Guerre mondiale, c'est la pénurie de métal.
Toujours avec sa pince à sucre en tête, Perriand imagine donc une nouvelle version, avec des lattes en bambou courbées pour suivre les formes du corps. La flexibilité et la résistance du bambou font le reste : "le résultat fut magnifique", se souvient-elle dans ses mémoires.
C'est le début d'une grande histoire d'amour entre Perriand et le Japon, qui durera jusqu'à la mort de la designeuse.