Ils sont faits de bois, de toile, de rotin… et pourtant, ils marchent parmi nous.
Ils pèsent souvent plus de 100 kilos, dansent sur les places des villages, portent le nom de Jacques, Léon, Françoise… et vivent dans le cœur des habitants.
Les Géants sont les gardiens bienveillants de la mémoire flamande, et leur histoire remonte à plusieurs siècles.
Tout commence au Moyen Âge, dans les processions religieuses. On les dressait pour raconter les grandes scènes bibliques, impressionner les foules, élever l’imaginaire. Puis, au fil des siècles, ces colosses sont sortis des églises pour gagner les places. On les a dépouillés de leurs auréoles, mais pas de leur aura : les géants sont devenus des figures populaires, symboles d’un village, d’un métier, d’une légende locale.
Le tisserand d’Halluin, la lavandière de Quesnoy-sur-Deûle, l’agriculteur de Fromelles ou le roi de la bière à Armentières… Chacun d’eux incarne un fragment d’histoire.
Et chaque commune veille sur ses géants comme sur des trésors vivants.
Un géant, c’est un visage sculpté à la main, des habits cousus par les couturières du village, une armature en bois portée sur les épaules par un bénévole aguerri.
Porter un géant, c’est un honneur.
Le faire danser, c’est un art.
Le créer, c’est un acte d’amour pour sa ville.
Ils ont traversé les siècles, survécu à la Révolution, dormi pendant les guerres. Mais toujours, ils sont revenus. Plus forts, plus beaux, plus nombreux.
On les baptise, on les fête, on les marie parfois. Ils ont leur carnet de santé, leur chanson, leur bande de musiciens.
Ils ne parlent pas, mais racontent des siècles d’histoire, de joies partagées, de combats quotidiens, de mémoire tissée au fil du temps.
Alors, la prochaine fois que vous croiserez l’un d’eux, levez les yeux.
Regardez son regard fixe et doux. Écoutez le tambour qui bat le pas.
Et surtout… entrez dans la ronde.